Québec, par monts et par vaux

Départ précipité de Montréal

Cette matinée grisâtre du vendredi 12 Août démarre sur les chapeaux de roues. Alors que nous sommes dans le terminal de la gare routière de Montréal, le démontage et l’emballage de nos vélos prennent plus de temps que prévu. À 10h45, 15 minutes avant le départ de notre bus, la guichetière nous somme de donner les vélos emballés pour que le conducteur puisse les charger lui-même en soute. Cela n’est de toute évidence pas possible: les cartons que l’on nous a fourni sont plus petits qu’escompté, nous obligeant à démonter presque intégralement nos vélos et à rafistoler les cartons autour des pièces qui dépassent : la fourche de Victor ressemble à Excalibur prête à être déracinée de son rocher… L’horloge tourne, la pression monte ! À 10h55, nous sommes enfin prêts. Ou presque… Voilà que nous devons maintenant transporter l’intégralité de notre matériel jusqu’à l’autre bout de la gare, 200 m plus loin. Dans la précipitation, nous remarquons aussi (et heureusement) qu’une roue du vélo de Víctor n’a pas été mise dans les cartons à vélos et que les paquetages de nos sacoches ne tiennent pas vraiment… Alors que nous sommes en pleine galère, deux cyclistes de passage nous viennent en aide. Avec 10 bras, et autant de jambes, nous parvenons à atteindre le quai de notre bus à 10h59. Tout juste le temps de remercier nos deux sauveuses, de charger notre équipement en soute, et nous voilà in extremis en route pour la ville de Québec, 300 km plus au Nord. Malgré la décharge d’adrénaline, le ronronnement du bus ne tarde pas à nous bercer et nous dormons une bonne partie du trajet.

Projection et retrouvailles à Québec

A peine arrivés, nous inaugurons immédiatement notre séjour à Québec par une projection avec l’association Nature Québec dans les locaux de Vélocentrix.  Particulièrement active dans la défense des écosystèmes naturels de la province, Nature Québec nous a proposé de projeter le film ‛Anticosti, la chasse au pétrole extrême’  et d’aborder la problématique autour de cette île où les communautés locales, isolées au cœur de l’estuaire du fleuve Saint Laurent, peinent à développer des activités économiques pérennes. Actuellement, des promoteurs projettent d’exploiter les gaz de schistes présents dans le sous-sol de l’île. Ces hydrocarbures non conventionnels (voir explications à regarder ou à lire) requièrent l’emploi de méthodes d’extraction lourdes et particulièrement controversées sur le plan environnemental. Le projet divise la population sur place, partagée entre désir de développement économique et protection du patrimoine naturel local. Le documentaire vise à montrer qu’un tel projet impacterait lourdement le paysage de l’île pour une exploitation économiquement viable à court/moyen terme seulement, et appelle ainsi à une réflexion plus profonde concernant d’autres alternatives de développement.

Après cette journée intense entre Montréal et Québec, nous prenons finalement repos chez Amélie et Louis-David, deux amis de Victor, rencontrés pendant ses 4 années passées sur place. L’accueil est grandiose ! Nous disposons d’un sous-sol entièrement aménagé où nous pouvons nous étaler à souhait et nos deux hôtes se montrent particulièrement généreux avec nous. Nous profitons de ce temps de repos pour rencontrer les autres amis québécois de Victor, pour regarder un spectacle de cirque au pied du château Frontenac (sous les trombes d’eau, nous admirons le stoïcisme des acrobates !) ou pour chauffer nos mollets à l’aide de quelques tours à vélo autour de la ville… La vie est bien douce ici !

Entre temps, nous tentons d’élucider la mystérieuse panne de notre microphone, apparue quelques jours auparavant lors de notre participation au Forum Social Mondial à Montréal. Un composant a visiblement brûlé. Sur recommandation de Bernard, génie-concepteur de notre Cinécyclo, nous tentons de contourner le problème en modifiant le câblage interne. Cela ne solutionne qu’à moitié le problème : maintenant le micro est bel et bien alimenté mais le son reste inaudible… Facultatif pour nos projections à venir, nous reportons la réparation du micro à plus tard, le temps d’effectuer des mesures électroniques fiables et d’identifier correctement le dysfonctionnement.

Ascensions à travers le Parc National des Grands-Jardins

Après 5 jours de rencontre et de grande hospitalité sur la ville de Québec, notre désir d’aventure se fait de plus en plus pressant. Le mardi 16 Août, en fin d’après-midi, nous partons à vélo en direction du Nord pour débuter une petite tournée québécoise. Les prévisions météo ne sont pas très réjouissantes: « bye bye soleil, welcome nuages », un énorme front de pluie est annoncé (jusqu’à 50 mm localement). Nous attaquons les premières côtes québécoises sous la pluie et bivouaquons après une cinquantaine de km sur les bords d’un petit lac. A nos dépends, cette première nuit sous tente nous offre un premier test de choix quant à l’étanchéité de notre matériel !

Les journées suivantes se montrent ensuite plus clémentes concernant la pluie. En revanche, nous découvrons que le relief du Québec, bien que modérément élevé, n’épargne pas le cycliste chargé et tout juste échauffé ! Ici, les routes sont des azimuts : de véritables saignées à travers le paysage pour rejoindre au plus court une ville de « par-delà l’horizon ». Optimisé pour des montures à gasoline, ces belles collines fricotent régulièrement avec des pourcentages dignes des cols du tour de France sur de courtes distances. A l’entrée du Parc National des Grands-Jardins, nos cuisses surchauffent malgré notre vitesse de pédalage ridicule. L’étape pour monter est reste cependant assez courte. Nous avons rendez-vous avec Pierre, ami de Victor et alpiniste passionné, pour une petite séance d’escalade. Encordés, nous réalisons quelques longueurs sur les parois granitiques du Dôme, sommet surplombant l’entrée du parc en arrivant de Baie Saint Paul. Après quelques petites frayeurs, la vue est finalement imprenable là-haut !

Après cet interlude semi aérien, nous reprenons la route le lendemain. Les paysages sont à couper le souffle, les côtes tout autant ! Les paysages tranchent déjà avec ceux rencontrés un peu plus au sud. Entre ces sommets granitiques, les forêts de conifères sont clairsemées de lacs ou de ruisseaux aux eaux sombres.

En redescendant sur le Fjord du Saguenay

Dans cet ancien cratère météoritique, la nature est reine et de nombreux panneaux témoignent de la présence d’animaux emblématiques du Québec. Nos regards scrutent constamment à droite ou à gauche un éventuel animal qui pourrait compléter le tableau. Tout suggère leur présence ici : les panneaux, les nombreuses cabanes de chasse ou encore les chaloupes pour la pêche. La chance ne sera pas au rendez-vous cette fois ci. La route est paisible, la balade agréable. En redescendant vers les eaux saumâtres du Fjord du Saguenay, nos compteurs s’emballent, nos vélos tremblent, le sifflement du vent dans nos oreilles est assourdissant: dans une de ces descentes, nous dépassons 90 km/h ! Avec nos vélos chargés, c’est quelque chose !

Progressivement, le relief s’aplanit et les rivières grossissent. Nous rejoignons rapidement la ville de la Baie, sur les bords du fjord du Saguenay. Nous sommes attendus à l’éco-hameau du GREB  (Groupement de Recherche Écologique de la Baie) où une projection le lendemain est prévue. Nous avons aussi hâte de les rencontrer, afin de découvrir leurs motivations et leurs  activités ! Mais nous réalisons en approchant la ville de la Baie que le territoire de la commune est à l’image du pays : étendu ! Nous demandons à quelques personnes notre chemin, mais celles-ci  ne connaissent pas le GREB. Ne sachant pas l’adresse exacte, nous sommes contraints de rejoindre la ville principale afin de trouver une connexion internet et localiser notre point de chute…

(La suite arrive dans la semaine… !)

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