Immersion en forêt boréale et derniers jours au Québec

Nous voilà sur le point de partir du GREB et déjà nous sommes plein de nostalgie à l’idée de quitter cet endroit si accueillant et inspirant… Nous repoussons d’ailleurs le départ jusqu’en milieu d’après-midi sans nous en rendre vraiment compte, après quelques dernières balades dans le potager de Pierre et Marie-Thérèse !

Nous reprenons finalement nos vélos, il nous faut avancer afin de rejoindre la forêt Montmorency, centre de recherche de l’Université Laval, où nous sommes attendus deux jours plus tard. Il ne nous faudra pas longtemps pour reprendre le goût du vélo, de la liberté et de l’aventure ! Cependant, nous réalisons rapidement que le chemin du retour vers le Sud s’annonce long : nous nous trouvons en effet sur l’axe routier principal emprunté par tous les Québécois et leurs véhicules tous plus démesurés les uns que les autres : 4×4,  caravanes, bus personnels (VR) et semi-remorques, c’est la surenchère permanente ! Nous commençons à réaliser pour la première fois l’incohérence de ce flot interminable, dont la pollution, le souffle et le bruit nous paraît monstrueux! Seuls  les classiques de Snoop Dog, de Wagner ou de Groundation dans nos écouteurs nous permettent d’échapper à la folie sonore ambiante. Nous pédalons machinalement en nous laissant guider par la musique. Au détour d’une aire de pesée des poids lourds, nous profitons pour voir à quelle catégorie de véhicule nos bécanes appartiennent : 180 kg au compteur pour les trois ! Un poids conséquent pour nos gambettes, mais ridicule à côtés des monstres d’acier qui nous frôlent à longueur de journée.

L’après-midi sera court et nous trouvons bientôt un chemin s’enfonçant dans la forêt afin de trouver place pour notre bivouac du soir ! Seul hic, chaque parcelle forestière est bordée d’un accueillant panneau « no trespassing ». Après quelques instants d’hésitations, nous finissons par camper au pied de l’un de ces panneaux… plus soucieux de nous faire réveiller par un chasseur que par un ours!

Réveil matinal, nous reprenons tôt la route car un peu plus d’une centaine de kilomètres nous attend. La journée sera difficile : vent de face, pente moyenne mais constante, flot de voiture toujours si intense… Nous atteignons difficilement les nonante kilomètres quand la pluie s’invite à la fête. Le moral dans les chaussettes mouillées, des étincelles d’espoir sont régulièrement noyées à chaque sommet de côte : l’entrée de la forêt ne s’y trouve pas ! Le supplice durera encore une trentaine de kilomètres… Peu avant la nuit, nous atteignons finalement la forêt où les clés d’un chalet 4 étoiles nous sont remises : nous démarrons immédiatement le poêle pour nous retrouver bientôt dans un véritable hammam essence de pied bien réconfortant ! Nous bénissons l’Université Laval et Louis Bélanger, ex-superviseur de Victor, pour cet accueil !

 

Nous passons la journée suivante en immersion totale dans la forêt Montmorency. En effet,  nous sommes séparés parmi 3 groupes d’étudiants et partons avec eux étudier différentes parties de la forêt boréale. Sur place, nous effectuons quelques petites analyses de terrain pour évaluer la qualité et le potentiel forestier de la parcelle en question : fosse pédologique, mesure de la densité des arbres, évaluation de l’âge du peuplement et des risques de maladie… avoir l’œil d’un forestier ça s’apprend ! La gestion est complexe, nous nous trouvons dans une forêt composée d’épinettes (rouges, noires et blanches), de sapins baumier, de bouleaux blancs et d’autres essences dont il faut assurer un rendement commercial par la coupe, mais également assurer la régénérescence, prévenir insectes et maladies, assurer les habitats de la faune et par endroit permettre un accès aux randonneurs. Si les étudiants semblent déjà bien familiers avec tous ces concepts, nous, nous en apprenons beaucoup.

Pour la soirée, nous proposerons aux étudiants un documentaire sur le démantèlement d’un barrage hydroélectrique et la restoration écologique de la rivière Elwha, aux Etats Unis. Il s’agit d’un projet que nous souhaitons visiter par la suite, et nous pensons que leur présenter un documentaire sur une thématique autre que la foresterie pourrait les intéresser. Entre les examens en fin de semaine et la fatigue de la journée, notre projection sera suivie par une majorité, mais ne suscitera pas beaucoup de répondant.

La fin de notre périple québecois se profile et nous devons rejoindre Montréal en 3 jours. Nous profitons le lendemain d’une courte journée de vélo, tout en descente, pour s’arrêter à Québec et fêter une dernière fois avec Louis David, Amélie, Pierre et Julia. Les adieux ne sont pas tristes et le départ le lendemain matin à 8 heures tapant se fait non sans accuser un léger mal de tête prévisible ! Petite nostalgie pour Victor, et démarrage un peu difficile ! Il nous reste 2 jours pour parcourir les 300 km qui nous séparent de Montréal et notre ami google.maps nous promet du plat ! Ce que google.maps avait oublié de nous dire c’était le vent de face, mais bon on commence à le connaître celui-là ! Grosse journée donc, mais on a les mollets chauds et nous atteignons les 150 km en fin de journée… Le vent commence enfin à se calmer avec la soirée et c’est à ce moment que, pris d’une certaine frénésie, nous nous disons : « et si on faisait tout d’un coup » ?! Gonflé à bloc mais le ventre vide nous nous envoyons une première pizza XXL, puis une deuxième sous le regard un peu ébahi de la serveuse qui nous avait pourtant assuré que nous aurions certainement des restes avec la première. C’est d’ailleurs à ce moment-là que nous avons probablement basculé dans la gloutonnerie pour le restant de notre voyage… Mais nous vous en reparlerons plus tard ! Le ventre plein nous reprenons la route : « Allez plus que 140 km ! ». Nous n’en ferons que 30, la fatigue nous emporte doucement et nous faisons une courte nuit aux abords de la route, juste à côté d’une station d’épuration. Magique !

Le lendemain, nous atteignons finalement Montréal en début d’après-midi… Nous retrouvons Aurélien, Aida et Paul, nos hôtes montréalais de la première semaine, pour partager ensemble une dernière poutine.

Cette soirée clôturera notre périple Québécois ! Déjà 3 semaines et le temps commence à se distordre : il nous semble être parti hier mais notre quotidien européen parait déjà si loin… Nous nous rattachons à quelques chiffres : déjà plus de 1000 km de parcouru. Pourtant, sur la carte de notre itinéraire, c’est une boucle insignifiante qui s’affiche. Il s’agit bel et bien d’un tour de chauffe et nous ne sommes finalement qu’aux prémices de notre aventure ! Nous nous préparons donc pour 72 heures de bus pour rejoindre Jasper dans les Rocheuses canadiennes le lendemain matin !

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