Toubacouta et Soukouta (3km bitume)
Une fois n’est pas coutume, la petite équipe de Cinécyclo s’accorde un week end « au vert » entre amis, sans projection et ça aussi, ça fait du bien !
Après notre coutumière formation du matin sur les foyers améliorés dans le village de Daga Babou, le retour dans les locaux de Nébéday se fait en Jakarta pour Fabrizia, Alain, Michelle et Yoro et en Cinécyclo pour Vincent. 3 petits kilomètres nous séparent de Toubacouta. Manque d’essence, manque de chance, Alain fera bien la moitié du parcours à pousser derrière le scooter…
Au centre, c’est le jeune Abdoulaye qui se charge de la visite en commençant par le centre de transformation et de vente du groupement de femmes Djiapo Liguey. Vestiaire, salle de tri, lavage, séchage, transformation et conditionnement, le centre permet de produire de la poudre de feuilles séchées de Morenga appelé également Nébéday (un arbre « médicament » connu de tous au Sénégal). On y trouve également de la poudre de Pain de Singe (le fruit du Baobab qu’on appelle également bouillie), poudre de café Pain de Singe à partir des graines torréfiées, fleurs de bissap séchées, jus de fruits, confiseries, confitures et miel. Le groupe rassemble 80 femmes qui, chaque jour, se relayent au centre pour la production et la vente. Les aller-retour de Cinécyclo au centre Nébéday auront permis de tisser des liens avec certaines d’entre elles que l’on retrouvait ensuite dans les villages pour les projections.
Les bras chargés de petits sacs de poudre verte, blanche, noire, rouge estampillés Djiapo Liguey, on prend la direction Soukouta où l’on monte notre bivouac au milieu de la forêt de Baobabs faisant face à la mangrove (encore une fois, merci Jean !). Distant d’un kilomètre du village, notre campement bénéficie d’une atmosphère reposante où singes, perruches, merles argentés mais aussi hyènes nous offrent leur symphonie.
Au petit matin, c’est le départ de la journée OFF tant attendue ! Michelle veut marcher seule, Vincent veut courir, sauter, bouger, Alain veut aller à Kaolack et, comme toute italienne qui se respecte, Fabrizia aimerait bien farenienter. Quant à Yoro, il souhaiterait être partout à la fois mais certainement pas avec Vincent qui vient tout juste de partir pour un 12km de course le long des bolons.
Le programme de la journée est établi : balade en canöé trois places jusqu’au premier tan (ban de terre accessible à marée haute au milieu de la mangrove). Il y sera possible de se détendre. Vincent assure la navette pour transporter le total de 4 personnes jusqu’à la petite île.
Arrivant tout droit de New York, Michelle ne tarde pas à savourer le calme, l’isolement et la quiétude de ce paysage où le temps glisse sur une eau qui, tantôt vient, tantôt va. Des cliquetis retentissent ça et là, on aimerait croire à de petits hommes cachés dans les racines des palétuviers jouant une musique étrange, mais ce sont les huîtres qui s’ouvrent au grès des marées. Cette quiétude est mise à mal par un Vincent décidément trop agité qui entame un concours de lancé de poids avec Yoro (record de 12,13 m pour un poids de 4 kilos non homologué puisqu’il s’agit d’une simple roche et que la mesure s’est faite avec de petits bâtons). Pour le calmer, on passe à table en espérant que la digestion aura raison de son trop plein d’énergie. C’est gagné ! Mais, allongé sur un tas de fourmis rouge, la sieste aura été de courte durée. Hop, hop hop, on laisse finalement Michelle en parfaite solitude pour nous aventurer 3 bonnes heures en canoë vers un village de pêcheurs constitué en amas coquier. Ledit village n’est plus habité depuis longtemps, mais nous laisse admirer un groupe de pélicans venus se jucher sur les branches tortueuses de l’unique Baobab érigé au centre de l’amas.
Il est 17h, Vincent dépose Yoro au camp de base, puis il faut retourner chercher Michelle. Mais si le tanne était difficilement accessible à marée haute (bolon sinueux et étroit), il devient carrément inaccessible à marée basse ! Résultat,
Vincent doit parcourir les 300 derniers mètres à pied dans une de ces vases généreuses où l’on s’enfonce jusqu’aux genoux. C’est aussi ça « être au cœur de la mangrove » ! Michelle apprécie l’expérience unique, même si un « FUCK ALL THAT » libérateur accompagne soudainement ses efforts à retirer de mignons petits escarpins rouges restés englués à 60 cm dans la vase. Ahhh, ÇA FAIT DU BIEN !
Il est 21h, après la course, le canoë, le lancé de poids et la vase, Vincent est officiellement fatigué et tout le petit monde, réjoui, se retrouve autour d’un généreux repas d’huîtres, de poissons et de crudités offert par Jean Goepp, le Président de l’association Nébéday. Invitée surprise, Fatou, notre interprète lors de nos dernières projections est également de la partie. Des journées comme on les aime : entre amis !
Bamako / 1 projection
Fini les vacances, c’est l’heure des adieux pour Fabrizia et Michelle.
La petite équipe Cinécyclo reprend la route pour intervenir dans les deux derniers villages de cette tournée : Bamako et Firdawsi. Une douce mélancolie s’installe déjà à l’idée de clore cette tournée qui, de bout en bout, aura été appréciée de tous ! Mais la gaieté des dessins d’enfants décorant la maternelle où l’on passera la nuit viennent adoucir nos coeurs.
La projection se déroule pour la première fois avec un écran tendu sur un camion benne, qui, fort heureusement n’avait pas décidé de bouger ce soir là.
Au petit matin, un premier défi s’offre à nous : sortir de la maternelle dont la porte principale est complètement bloquée. Des grilles à toutes les fenêtres, des verrous aux sorties de secours, les Mickey et Donald nous jettent désormais des regards moqueurs.
Bref, Vincent grimpe le bâtiment à étage pour libérer le reste de l’équipe. Café bien mérité !
Il est 11h, pendant qu’Alain et Yoro donnent la formation sur les foyers améliorés, Vincent part à la rencontre de l’Aire Marine Communautaire Protégée en la personne de Mamadou Bakhoum pour discuter de la nouvelle tournée de 10 villages qui nous attend.
Firdawsi / 1 projection
C’est officiel, nous voilà déjà à la dernière projection Nébéday. 14 villages passés comme une seule lettre à la poste. Kekoïe est venu accompagné d’Abdoulaye, belle attention, mais, les gars de Cinécyclo se plaignent de l’absence des « girls » Nébéday qui, on doit bien l’avouer, étaient également bien sympathiques !
Absence compensée par la rencontre avec Mariama Sarr, Présidente du groupement de femmes Djiapo Liguey. Personnage emblématique du film Kering Natangué que l’on diffuse depuis le début et femme au charisme incontestable, Madame Sarr profite de l’occasion pour nous offrir une danse puis s’adresse à la population venue en masse pour un remontage de bretelles en règles. « On doit travailler ensemble, car c’est dans notre intérêt, dans l’intérêt de nos enfants et de nos petits-enfants. »
Fin de séance, on remballe tout. Kekoïe claque les portes de son pick-up, Abdoulaye kick son Jakarta et on se dit tout simplement « à bientôt ».
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