Tour de chauffe au Québec

Après trois semaines de voyage, voici notre toute première note de blog. Nous avons créé de nouvelles amitiés, découvert des techniques concrètes pour changer nos modes de vie et déjà expérimenté la lassitude lors de longues journées vent de face. Le projet est bel et bien commencé ! Prenez part à notre aventure en lisant ces quelques lignes ci-dessous.

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L’accomplissement d’un rêve lointain 

Le Grand Départ, ce compte à rebours qui donne des papillons dans le ventre, cette date entourée de rouge sur notre frigo, ce Vendredi 5 Août 2016 où le rêve devient réalité. Huit années se sont écoulées depuis les premières évocations d’un tour du monde en vélo. Alors ce 5 Août est un mélange de surexcitation, de peur de l’inconnu, de tristesse de laisser nos proches et de bonheur, donnant au franchissement de la porte d’embarquement 68 une saveur indescriptible.

Le départ

Nous prenons toute la mesure du départ de notre aventure lorsque nous survolons les paysages du Groenland, bien loin des dernières images champêtres de Normandie. Une banquise fragmentée de centaines d’icebergs se dessine peu à peu sous les ailes de l’avion, puis viennent les parois abruptes des fjords et les glaciers ciselés à perte de vue offrant parfois un lac surglaciaire de couleur bleue turquoise. Ce spectacle est quelque peu entaché par le spectre du changement climatique. Bien que nous ne puissions pas, de nos propres yeux, comparer la situation actuelle à une situation antérieure, nous nous demandons à quoi devait ressembler cet endroit il y a 10, 20 ou 50 ans.

L’arrivée à Montréal

L’arrivée sur le sol canadien marque le début d’une longue nuit, pleines d’imprévus. En effet, après avoir remonté nos vélos (ou plus simplement « monté nos vélos » car nous ne les avions encore jamais chargés au complet auparavant), nous avons suivi les conseils d’un petit monsieur du guichet de l’aéroport. Très gentil, il nous affirme que rejoindre le centre-ville de Montréal à vélo est un jeu d’enfants. Finalement après une heure à tourner en rond dans une zone industrielle, nous décidons d’appeler Aurélien, le cousin de Guillaume, et Aïda « sa blonde ». Ce sont nos hôtes pour une bonne partie de notre séjour montréalais et nous les prévenons que nous aurons un peu de retard. Heureusement, la sympathie québécoise, de renommée internationale, n’a pas mis longtemps à se manifester. Tour à tour, 3 cyclistes, curieux de nous voir ainsi chargés,  nous accompagnent jusqu’au pied de l’appartement d’Aurélien et d’Aïda ! Nous n’avons pas cette douce sensation de tomber dans les bras de Morphée. Elle nous tombe dessus, sans aucune somation, à 2 heures du matin heure locale, après avoir englouti nos premières poutines. Avec le décalage horaire et la digestion, le sommeil est réparateur.

Une euphorie continue

Les premiers jours à Montréal nous semblent filer à une vitesse folle. Nos sacs et sacoches frôlant les limites de poids imposées par la compagnie aérienne, il nous reste un peu de matériel de camping et de vélo à récupérer. En parallèle, l’organisation du Forum Social Mondial (FSM) nous prend aussi beaucoup de temps et déjà un premier dilemme s’offre à nous. Nous avons l’opportunité de présenter nos vélo-projections pendant deux jours au FSM, les 10 et 11 Août. Cependant, une vélo-projection est aussi planifiée depuis longtemps avec l’association Nature Québec à la ville de Québec même le Vendredi 12 au soir. Que faire ? Ne participer qu’au premier jour du FSM et descendre à Québec en vélo ou participer deux journées au FSM et descendre à Québec en autobus ? Croyez-nous, passer une bonne semaine dans une ville de la taille de Montréal avant de commencer un périple nature est plaisant et frustrant à la fois. Bien que nous profitions de nos vélos pour visiter la ville, les fourmis de l’impatience nous dévoraient les jambes, l’hésitation aussi.

Alors que la réflexion battait son plein, l’accueil que nous avons reçu dans un premier temps chez Aurélien et Aïda fût royal. Grâce à leurs expériences de Barista à Londres, ce joli couple nous a formé à l’art subtile du Latte Art. Nous pouvons presque maintenant vous dessiner un cœur en mousse de lait dans du café, enfin c’était le but de la formation…Nous avons également été accueillis chez Damien, à la confiance certaine : «  Les gars je vous laisse les clefs, vous faites comme chez vous ! ». Enfin, Paul et Christel nous ont offert le gîte pour nos trois dernières nuits avant de partir sur Québec. Entre la découverte des microbrasseries de Montréal et nos nuits en lit individuel, c’était vraiment grand confort !

Malgré un rythme de pédalage soutenu pendant le FSM, les visiteurs ne se sont pas bousculés le premier jour pour venir voir les quelques courts-métrages proposés. Malgré tout,  nous décidons finalement  d’allonger l’expérience de la place Pasteur pour une deuxième journée. Nous prendrons donc le bus pour descendre à Québec le 12 dans la matinée. Entre temps, nous profitons de la fin de notre première journée au forum pour rencontrer le CRAPAUD, acronyme du « Collectif de Recherche en Aménagement Paysager et Agriculture Urbaine Durable ». Située en plein cœur du pavillon des sciences de l’Université du Québec à Montréal, l’association cultive une bonne partie des espaces verts aux abords du pavillon et cherche ainsi à promouvoir l’agriculture urbaine pour tous ! Ici, pas de production industrielle, mais un bel espace de sensibilisation pour les étudiants et les habitants du quartier.  Ils nous inviterons à finir la soirée au Cinéma sous les étoiles pour visionner le documentaire Les Liberterres, qui tire le portrait de 4 agriculteurs européens en pleine remise en question dans leurs modes de production. Cette fois-ci pas besoin de pédaler !

La deuxième journée sur la place Pasteur fût beaucoup plus chaleureuse que la première. Le dispositif Cinécyclo intrigue indéniablement. Parmi les nombreuses visites, Cyclo Nord-Sud est venu nous rencontrer. C’est typiquement le genre d’associations dynamique avec lesquelles nous aimons discuter : ils sillonnent la ville et récupèrent des vélos abandonnés ou hors d’usage, et les remettent ensuite en état de fonctionnement. Ces vélos sont alors envoyés en Afrique ou en Amérique centrale où d’autres aventures les attendront. Pour le FSM, l’association a par ailleurs créé un « vélo-smoothie ». Pédaler pour mixer des pommes, des fraises, des mangues et toutes autres sortes de fruits juteux et sucrés, rend la boisson encore meilleure. Forcément, l’utilisation d’un vélo pour faire autre chose que du vélo, on adore !

Nous avons également fait la connaissance de Décroissance Conviviale, une organisation, qui vise à montrer au peuple québécois que notre mode de vie basé sur la croissance n’est pas viable et prouve, via des évènements festifs et conviviaux, que d’autres modèles peuvent être envisagés, basés sur la joie, l’entraide, la sobriété et la convivialité !

Après une centaine de kilomètres pédalés sur place, il fait chaud sous notre tente et il est temps de savourer quelques minutes de bon temps autour d’une bière de microbrasserie, la Don du Ciel, en compagnie de Paul. L’occasion est double, nous fêtons la fin de notre campagne Ulule ! Un véritable succès ! Nous souhaitons, à travers cette note de blog, remercier encore une fois les contributeurs et tous ceux qui ont relayés l’information. Au total, ce sont 5401 euros récoltés, qui en plus de nous aider dans notre voyage, vont aussi contribuer au développement des activités de Cinécyclo Sénégal !

Départ pour Québec en trombe

Réveil à 9h15 au matin du 12 août après avoir fêté la fin de notre séjour Montréalais. Notre bus pour Québec est à 11h. Une bonne partie de la ville de Montréal nous sépare de la gare de bus et le timing est serré. Optimiste au départ, nous arrivons au guichet de la gare routière à 10h20. Mais le démontage des vélos pour leur transport s’avère plus long que prévu et à 10h45, la dame du guichet nous dit que nos vélos devraient maintenant être prêts pour le chargement en soute. Les boites en cartons fournies sont bien trop petites et rien n’est encore emballé. Nous craignons de rater le départ de notre bus qui nous permettra d’assurer la projection prévue pour le soir même…

(la suite arrive bientôt ! 🙂 )