10 jours : 10 projections

Cabrousse

A deux pas de la frontière de la Guinée Bissau et au bord de l’océan se trouve le village de Cabrousse. Nous décidons d’y faire un saut après qu’un orphelinat (Le Cocon de Cabrousse) nous a contacté par e-mail. 30km de détour qui en valent la peine. L’après-midi des enfants est occupée par un atelier de Cinema d’animation durant lequel les 32 participants s’en donnent à cœur joie. Le soir venu, nous montons notre équipement de projection sous le préau où ils peuvent voir le fruit de leur travail sur grand écran. Les enfants sont tous très curieux de notre bivouac, mon hamac et la grande tente d’Alain. Le lendemain matin, je les accompagne à l’école, on entend tout autour de nous : “Quand est-ce que vous revenez ?”. En moins de 24h, un lien fort s’est établi entre nous et ces enfants, ainsi que leurs Tatas (nourrices). On quitte Cabrousse le cœur gros direction Danken Wolof.

DankenWolof

Prévenu la veille, le village attend notre projection de pied ferme. Après une dizaine de projections, le protocole est désormais bien rodé. Rencontre de notre partenaire local, présentation du projet au chef du village ainsi qu’au directeur de l’École, trouver un lieu de projection approprié, monter le bivouac et finalement trouver quelques âmes charitables pour installer le matériel. DankenWolof est un village de 200 habitants sans électricité qui se trouve à 4km de la première route asphaltée. Ses rues sont pleines de sable ce qui rend le moindre déplacement en vélo fastidieux. Comme la majorité des villages que nous traversons dans la région, les familles sont essentiellement dépendantes des rizières, de l’élevage et de la pêche, vivriers. Ibrahim et Bailo, deux jeunes du coin, nous filent un bon coup de main le soir venu, pour la projo qui se tient dans la cour de l’école.

Le spectacle fait fureur au point que certains parents sont obligés de venir récupérer leurs enfants refusant de quitter la toile (tout de même, il y a école demain !)
Nous dressons notre campement dans la pépinière de Dioulouloum, au première étage d’une grande case donnant sur les rizières. Le cadre est sublime et spacieux. On y passera trois nuits, toutes aussi calmes les unes que les autres. Le jeune Bailo nous accompagne dans tous nos déplacements quotidiens ce qui nous pousse à le former à la fabrication de foyers améliorés (l’un des sujets de nos films). On passe la matinée à la “cueillette” d’argile, de bouses de vaches et de terre de termitière pour la préparation du mortier. La seconde partie de la journée se passe truelle en main dans l’arrière cour de Bailo. Le foyer intrigue les autres femmes du village qui nous demanderont par la suite de leur en construire d’autres : une aubaine pour Bailo qui est pour le moment sans-emploi. Au total, 4 projections, 1 intervention scolaire et 1 atelier pour le village avant que l’on regagne la pirogue venue nous chercher sur le Bolon tout près de là.

Pointe Saint Georges

Après une brève étape à Elinkine où la pirogue nous dépose, nous enfourchons les vélos pour Mlomp. Tout au long de la route, nous croisons des poteaux électriques et des tourets de câble qui n’attendent que les ouvriers pour électrifier la zone. D’ici là, les plus fortunés du coin continuent d’alimenter en soirée leur groupe électro… La piste tracée sur notre carte pour rejoindre la Pointe Saint Georges, au bord du fleuve Casamance, fait 14 km et s’avère être pleine de sable. On nous indique un petit sentier qui traverse les rizières, soit disant plus facile d’accès pour nos vélos. 9km au lieu de 14 : ça se tente ! Détail crucial (on l’apprendra à nos dépends) le fameux sentier est partiellement submergé à marée haute. On en viendra à bout après 4h d’effort intense, de multiples allers retours, portages et d’erreurs d’orientation. Le paysage est cependant au rendez-vous : savane arbustive, champ de paille, pont de bois branlant et rizières submergées. Notre piste se résume souvent en une étroite et tortueuse bande de terre d’environ 40cm sur laquelle nous faisons les funambules, du haut de nos montures, pour ne pas finir au fond de la rizière (au total 3 crashs, ce qui n’est pas si mal pour une première). Loin d’être à l’abandon, ce chemin constitue bien au contraire un axe de transit important principalement utilisé par les cultivateurs pour rejoindre des parcelles éloignées (la piste de sable étant réservée aux détenteurs de 4×4).
Enfin, notre peine est bien récompensée chez Ousmane, qui habite au bord du fleuve et nous introduit auprès des instances du village. Comme la plupart de nos contacts en Casamance, Ousmane collabore aux missions de l’Océanium, organisme œuvrant à la protection de la faune et de la flore terrestre et marine au Sénégal. On monte notre toile le soir suivant devant l’église du village. De mémoire d’homme, on avait jamais vu de projection ici.
Le retour se fait cette fois-ci à marée basse en 1h45 seulement.

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Vincent Vélo Écris par

Fondateur de la structure Cinécyclo, Vincent est avant tout un aventurier dans l'âme. Après avoir vécu au Québec, en France et en Italie, il se lance dans le Cinécyclo Tour du Sénégal en 2015 au guidon de son vélo cargo cinéma.

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