Dialacoto
Notre halte à Dialacoto intervient à la demande de deux associations, la Voûte Nubienne et OBDAD.
La Voûte Nubienne, fait la promotion d’un mode de construction antique qui s’affranchit de bois de charpente et de paille, puisque le toit est constitué d’une voûte en brique. Une technique particulièrement adaptée aux pays sahéliens ou peri-sahéliens qui a également l’avantage d’une meilleure isolation thermique. En revanche, la mise en chantier requiert des maçons qualifiés, que bien entendu l’association se propose de former.
OBDAD quant à elle, œuvre dans le développement rural par le biais d’un centre de formation agricole qui reçoit une quarantaine de stagiaires par an. Une formation adaptée aux besoins locaux, visant à obtenir à minima l’autonomie alimentaire d’une famille.
La Voûte Nubienne dispose d’un court-métrage de présentation, OBDAD recherche des moyens de production et de diffusion, Cinécyclo passeur d’idées, projette des films de sensibilisation et cerise sur le gâteau, le projet Kambien de nos amis Oumar et Tabby à quelques kilomètres de là, concerne la réalisation de vidéos de développement en dialecte local.
Alors, fédérons nos moyens pour aller de l’avant. Cinécyclo amorce le processus et organise les rencontres.
Ce soir, nous diffusons la présentation de la Voûte Nubienne, demain Kambien pourrait produire des documentaires sur les techniques de maraîchage et d’élevage d’OBDAD et après demain Cinécyclo Sénégal se chargerait de leur diffusion à travers le pays et pourquoi pas toute l’Afrique de l’ouest.
Il y a tant à faire…. Les initiatives ne manquent pas mais demeurent embryonnaires et finissent souvent par s’évanouir, faute de réussir à mutualiser les maigres moyens.
Sur un plan plus personnel, nous sommes heureux que Yoro ait pu renouer avec une partie oubliée de sa famille. Il se découvre même de nouveaux cousins.
Medina Kouta
Nous retournons avec joie à Medina Kouta qui nous avait déjà accueillis il y a plus d’un mois au terme d’une longue étape de liaison (cf la traversée du Niokolo Koba). Aujourd’hui, notre arrivée en début d’après-midi nous permet de prendre le temps d’organiser une séance et ainsi honorer une promesse que l’équipe Cinécyclo s’était faite, redevable de la formidable hospitalité que le village nous avait réservée.
Donc on reprend les mêmes ingrédients, le chef de village un peu sénile et dur d’oreilles, les djeunes déjà connus, les frères ou les cousins des djeunes connus mais absents car au lycée à Tambacounda, la même chambre, beaucoup de thé et on obtient le même cocktail tout aussi sympathique et décontracté.
D’ailleurs, c’est la première fois que nous observons qu’un thé est servi durant la projection aux cyclistes en pleine action sur la génératrice. Voilà une belle attention et un détail, pas si anodin, qui en dit long sur la cohésion de ce village. Belle audience pour ce public qui en redemande, prêt à pédaler, ce sera donc une séance de plus de 2 heures.
Medina Diaka
Allez, quittons la nationale en direction de la limite nord du parc du Nikolo Koba. La piste nous mène à Birataba que nous atteignons vers 12 h 30. La chaleur est éprouvante (47 °C), c’est le moment de faire une pause et Yoro peut se rendre à la mosquée pour la grande prière du vendredi. Puis, nous prenons le repas offert spontanément et hésitons à repartir. Mais ce village nous semble trop important et nous redoutons une trop forte affluence, inadaptée aux capacités techniques de notre système. Alors, encore un petit effort sous la canicule avant de nous réfugier dans le premier hameau des alentours, Medina Diaka. Parfait, il est 15 heures, le village ne doit guère dépasser les trois cents habitants, horaire et population entrent dans les critères types d’une projection/débat Cinécyclo idéale.
Salam alikoum, bienvenus, diarama, et nous voilà installés dans une case. Un peu de repos avant la séance ne nous fera pas de mal. Mais nous n’avons même pas le temps de tester le matelas qu’un appel retentit par le haut parleur de la mosquée. À cette heure ci, ce n’est pas un appel à la prière, mais une alerte au feu de brousse. À l’Ouest du village s’élève une colonne de fumée noire. Nous rejoignons le sinistre avec les villageois en nous armant au passage de rameaux brisés sur des feuillus. Le front des flammes s’étend sur 200 mètres, par chance le vent nous épargne. Tout le monde tente, tant bien que mal, d’approcher malgré la chaleur dégagée et frappe les flammes à leur base. Malheureusement, le vent se lève et nos piètres moyens nous obligent à reculer. Il faut sauver le cimetière, un vague pare feu est rapidement défriché. Les flammes avancent toujours à la vitesse de la marche d’une homme. Le feu se nourrit de tiges de maïs coupées et de paille sèche. Il est le plus fort, nous reculons encore en courant, il saute le pare feu taillé à la hâte et dévore le cimetière. Nous nous regroupons alors sur le dernier pare feu protégeant les premières clôtures du village. Il arrive et vient agoniser à nos pieds, faute de combustible, avant que nous lui donnions le coup de grâce. Au final, après une heure et demi de vains efforts, huit hectares de pâturage et le cimetière sont partis en fumée.
Un toubab pompier ressemble à un ramoneur et dégage une odeur désagréable, mélange de poils roussis et de transpiration et est vêtu d’un t-shirt nylon troué par les scories, alors : à la douche !
Sur la place centrale du village trônent trois maisons cossues. Nous apprenons qu’il s’agit de bâtiments financés par la diaspora émigrée en Espagne. L’effet pervers, c’est que cette réussite affichée incite les plus jeunes à renoncer à leurs études dès le collège et à tenter légalement ou illégalement de rejoindre la péninsule ibérique ou les côtes italiennes.
Autre effet pervers, c’est que le rêve occidental séduit bien plus que le développement rural local. Aussi, il sera bien difficile de faire passer un message via la projection du soir sans volontaires, interprètes, cyclistes pour la génération de l’énergie ou postulants au débat.
Tambacounda (86km / latérite et bitume)
Après une longue journée de vélo la boucle Tambacounda / Kedougou s’achève lorsque nous repassons le porche de l’auberge Afia. Si, vous savez celle du Noël oribilis. Nous retrouvons Omar qui s’arrange pour nous loger tous les trois dans 10 m2 à petit prix. C’est quand même le luxe par rapport aux hébergements de brousse, toute la magie de l’eau courante et de l’électricité.
Nous userons du WIFI à outrance pour mettre à jour les site et blog et aussi communiquer tous azimuts. Grande lessive, entretien des équipements, quelque courses pour dénicher des habits de substitution et remplacer ceux usées jusqu’à la corde et tout compte fait, peu de repos ou de détente. Mais on aura néanmoins la satisfaction, au bout de trois jours, de repartir au carat.
Koussamar (50km / bitume)
Partis tardivement de Tambacounda, nous ferons la halte de mi-journée à Koussamar avec déjà une cinquantaine de kilomètres au compteur. Merci le vent dans le dos ! Un café au nom sympathique, le Baobab bleu devient notre repère et nous n’en repartirons que le lendemain, car invités par le gérant à passer la nuit au village. Il en est ainsi des voyages : savoir concilier le mouvement et la relation.
Colibantan (33km / latérite)
Nous nous détournons sur Colibantan à la demande de l’association AVED. Une association franco sénégalaise qui dispense son aide principalement en matière d’environnement. L’autonomie alimentaire et l’agro-écologie avec le maraîchage (composte et engrais naturels, jardin tropical amélioré, paillage…) et la conservation des fruits et légumes par séchage, l’environnement avec la replantation et les foyers améliorés, l’économie locale avec le développement d’activités comme l’apiculture.
Sur place Khalifa, omniprésent, s’implique sur tous les fronts depuis une vingtaine d’années pour le développement de l’association, de son village et des communes avoisinantes. En 2013, l’association a même inauguré son centre de formation où l’équipe de Cinécyclo sera hébergé durant plusieurs jours. Le bâtiment sert également de terrain de jeux, mais aussi de bibliothèque et salle de soutien scolaire aux nombreux enfants du village pour lesquels la porte reste toujours grande ouverte.
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