Horizon océan

Ville étape Koumpentoum (latérite 60 km)

Après de chaleureux « au-revoir », nous quittons l’AVED en compagnie de Kello qui a enfourché son vélo pour nous guider jusqu’à Maka distant de 3 km et nous indiquer la piste en direction de Koumpentoum. Une soixantaine de km plus loin, nous y retrouvons enfin le bitume.

Seul fait notable de la journée, hormis la chaleur accablante dans ce secteur classé aride, la crevaison de Vincent, ce qui nous place tous sur un même pied d’égalité, à savoir une crevaison chacun.

Comme le bivouac n’aura pas été des plus heureux (et oui ça arrive ) concentrons nous sur un élément vestimentaire sénégalais incontournable à savoir, le T-shirt. On pourrait en stigmatiser quatre types.

Le maillot de foot ball pour les garçons de la tranche des 0 à 25, il s’agit bien-sûr de contre façon provenant de l’Empire du milieu, privant de quelque millions supplémentaires tous les plus grands clubs européens avec néanmoins une nette domination des équipes ibériques, puisque nombreux sont les sénégalais de retour après avoir brigué l’Eldorado espagnol.

Le T-shirt très flashy (fuchsia, rose bonbon, jaune fluo) et moulant des jeunes filles avec l’inscription LOVE, FASHION, etc…si possible en strass.

Le T-shirt de propagande politique ou des ONG et associations, trop fragile qui résiste encore moins qu’une promesse électorale ou juste le temps d’une subvention.

Et enfin, le T-shirt des friperies locales provenant des campagne de collectes occidentales parmi lesquels on retrouve entre autre le superbe modèle du club de pétanque de port Leucate pour ne citer que celui ci.

Village étape Malem Hoddar (bitume 70 km)

Qu’est ce qui peut bien déterminer un village étape ? Bien, déjà c’est un petit village, l’état de fatigue physique ou mentale du cycliste et l’heure bien entendu (vers 17 h) et un petit plus. Le petit plus du jour sera un alignement de cageots de belles tomates trônant sur le bas côté de la chaussée. Même si on a des tripes, on en a pas moins un estomac !

Un jeune chef de village des plus accueillant et spontané et nous voilà en train de préparer une énorme salade de tomates / oignons pendant que les femmes préparent les deux coqs que nous venons d’offrir pour le repas commun. Toute cette alchimie participe à une soirée de partage et échange ou chacun s’accorde une chance, le temps d’une infime lucarne temporelle, d’essayer d’apprendre à connaître l’autre.

Kaone (bitume 101 km)

Nouvelle étape de liaison et pas des moindres puisque pour la première fois Yoro fera un 100 km à bicyclette. Nous sommes accueillis dans sa famille à Kaone en périphérie de Kaolack.

Lac salé de Kaolack

Il est temps de faire une parenthèse sur la famille sénégalaise. Elle est tentaculaire. En l’occurrence, nous sommes chez le frère aîné de même père, mais pas de même mère qui a épousé sa cousine côté maternel, donc la fille du frère de sa mère qu’elle a eu en deuxième noce. Bref, vous n’avez rien compris, eh bien nous non plus !

Le plus simple est de considérer que le Sénégal est en soi, une seule et même famille et nous ne sommes pas loin de la réalité. En effet, cet esprit de famille, ne s’entend pas juste au niveau de la généalogie que nous avons tenté de dégrossir en vain, mais plus globalement, est ancré dans l’art de vivre du modèle de société.

Revenons à nos tracas administratifs concernant notre titre de séjour de trois mois échu. Impossible de trouver une autorité compétente ailleurs qu’à Dakar. Il nous faut donc convenir d’un rendez-vous à la DST pour tenter une régularisation. Ce sera dans une semaine. Alors, comme nous sommes à mi parcours, une petite semaine sabbatique n’est pas pour nous déplaire.

Alain démarre le premier et part en taxi 7 places sur Djiffer, Vincent et Yoro rejoignent directement Dakar. Nous nous retrouvons la semaine écoulée devant les portes de la DST à Dakar. Le verdict tombe, tout ressortissant français peut désormais séjourner librement au Sénégal durant six mois et doit impérativement faire une demande de carte de résident au delà des douze mois.

Un petit flou subsiste néanmoins pour la période entre les six et douze mois mais le responsable nous assure personnellement que cela ne pose aucun problème. Nous repartons confiant, non sans avoir scrupuleusement noté ses coordonnées téléphoniques.
Et tant qu’à être sur Dakar entamons la tournée des grands ducs, Fabrizia qui nous héberge, Iba et sa famille, Cédric, Vieux (le frère aîné de Yoro) et d’autres acteurs du futur Cinécyclo Sénégal en gestation.

Il est temps de rejoindre Kaolack etde retrouver nos montures pour reprendre le périple. Cinq heures de taxi inconfortable au possible et nous y voilà.

La taxi 7 places reste le moyen de transport le plus rapide et économique. Par excellence c’est un break Peugeot 504 ou 505, c’est sûr ça date un peu mais ça roule encore. Il dispose, d’une place à l’avant, trois sur la banquette centrale et trois autres sur la banquette arrière. Sachant qu’il ne partira qu’une fois complet ,toute la subtilité est d’éviter de se retrouver sur la banquette arrière pour les trépidations du porte à faux et de la suspension moribonde ou en place centrale à cause du tunnel de l’arbre de propulsion. Et là ça bataille dur au départ car en clair il n’y a que trois places relativement confortables sur les sept.

Une dernière journée à passer en famille pour peaufiner les préparatifs de la tournée du Saloum et voilà les cyclonomades sur le départ.

Latmingué (30 km bitume 2 projections)

Un premier contact avec Nebeday notre partenaire régional nous permet de faire la connaissance de Clément, responsable au sein de l’association du charbon de paille. Nous ne connaissons le concept qu’à travers le documentaire que nous diffusons depuis trois mois et allons enfin découvrir le produit en chair et en os. Ce sera au sein du centre de pressage de Latmingué que dirige la dynamique Bamby.

Pour faire bref, l’idée de base est de récolter la paille responsable de la propagation des feux de brousse (création de pare-feux) et de la valoriser. Comment ? Tout simplement en la pyrolysant et la mélangeant à de l’argile liquide et de la coque d’arachide, pour donner un poussier qui, une fois pressé et séché, produira un boudin solidifié de charbon de paille. Ainsi ce charbon de paille devient en plus une alternative au charbon de bois.
C’est la forêt qui va se réjouir !

Nous passons deux jours à Latmingué, tant les initiatives du groupement de femmes que préside Bamby, foisonnent, démonstration du pressage du charbon de paille, test de cuisson, construction d’un modèle de foyer amélioré à base de briques octogonales.

Pour appuyer cet engagement de tous les jours, nous ne pouvions faire moins que d’organiser une séance Cinécyclo au profit du groupement. Le plus dur sera de repartir, si bien que sans cesse retenus, nous ne démarrerons qu’en toute fin d’après midi après le troisième thé of course !.

Ndiaffate (30 km bitume)

Nous trouvons le gîte après cette courte étape chez Boubacar à Ndiaffate. Une soirée gastronomique où nous ferons découvrir à la benjamine de la famille nos succulents spaghettis à la vache qui rit. À peine âgée de 2 ans elle sera la seule, en toute innocence, à accepter de goûter !

Toubacouta (50 km bitume / 1 projection)

Nous voilà à Toubacouta, siège de l’association Nebeday.

En 48 heures nous réussissons à planifier une tournée de sensibilisation de 14 projections autour de la forêt de Sangako avec notre partenaire Nebeday ainsi qu’une tournée d’une dizaine de projections autour et dans les îles du Saloum en coopération avec l’aire marine protégée, la mairie de Toubacouta et le centre culturel.

Voilà de quoi remplir notre planning pour le mois à venir et qu’elle belle opportunité de découvrir le Saloum des terres et insulaire en alliant cyclotourisme, pirogue et actions de développement rural.

Pour le bivouac, Jean le président de Nebeday nous met à disposition son pied à terre à Soukouta. Un petit paradis en bord de bolon où trône un immense baobab surmonté d’une plate-forme avec une vue sur la mangrove à couper le souffle.

Mais pour apprécier le delta rien de telle qu’une petite balade en kayak. Le Cinécyclo Tour du Saloum commence bien !

 

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Vincent Vélo Écris par

Fondateur de la structure Cinécyclo, Vincent est avant tout un aventurier dans l'âme. Après avoir vécu au Québec, en France et en Italie, il se lance dans le Cinécyclo Tour du Sénégal en 2015 au guidon de son vélo cargo cinéma.

2 commentaires

  1. Alain
    7 avril 2016

    Bonne route les gas et merci pour ces 84 séances supplémentaires. Je ne me lasserai jamais de la richesse émotionnelle qu’un public enthousiaste peut offrir

    • Depuis La Bourgogne, un grand merci pour les textes et le soutien apporté à l’aventure, bonne continuation Alain et bon repos (bien mérité) ! Évelyne

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